Premières traces de civilisation

La première occupation de Sallertaine remonte aux âges de la pierre polie, il y a environ 6.500 ans. Les premiers agriculteurs s’y sont établis, pratiquant culture, élevage et pêche, malgré une nature hostile. Jusqu’à l’époque romaine, la mer recouvre la zone actuelle du marais, l’île de Sallertaine devient alors un lieu de villégiature et de repos.

Sallertaine connaît ses heures de gloire au début du Moyen Age avec l’implantation de trois établissements religieux qui impulsent une activité économique majeure : l’extraction et le commerce du sel. Les guerres de religion ensanglantent le marais et Sallertaine n’échappe pas aux exactions.

Jusqu’au XVIIIème siècle, la vie s’écoule lentement au rythme des saisons et des fêtes religieuses. Mais la Révolution va rompre cet équilibre. L’insurrection vendéenne restera longtemps gravée dans les mémoires. Plus de 150 jeunes Sallertainois rejoignent le camp des insurgés.

Le 12 janvier 1800, le général TRAVOT investit Sallertaine et c’est la déroute. L’hémorragie est à la hauteur du sacrifice et la plaie ne se refermera jamais.

En savoir plus sur :

http://sallertaine.com

http://communes-archives.vendee.fr/commune-sallertaine-260

La présence allemande à Sallertaine

Recherchant naturellement les points hauts pour l’observation du paysage et des mouvements de la population, les soldats de la Wehrmacht ont très souvent utilisé les moulins comme tour de guets.

Le moulin du Fruche (appelé aussi « moulin des Arnaudeau, du nom des frères qui l’exploitaient), a donc été, dès le début de l’invasion ennemie, réquisitionné. Le faîtage du moulin, tronqué, ne laissait entrevoir que la tête du soldat de faction. Nombreux sont les Sallertainois qui se souviennent encore d’apercevoir le casque du soldat émerger du toit du moulin.

Non loin de là, au lieu-dit « Le Logis », subsiste un témoignage inédit qui nous rappelle cette époque si douloureuse. En effet, « Le Logis » était alors la «kommandantur» du village et, le grenier adjacent fut transformé en armurerie.

Ainsi, on peut voir encore de nos jours deux inscriptions «erste zug» et « zweiste zug » peintes sur le mur chaulé et qui nous indiquent clairement l’emplacement de la première et deuxième colonne d’armes. Un témoignage aussi anodin que poignant…

Un sallertainois mort pendant les guerres napoléoniennes

Le 18 juin 1815 avait lieu la bataille de Waterloo qui mit fin à l’épopée napoléonienne.

Deux siècles plus tard, Il nous a paru intéressant de rechercher si un ou plusieurs enfants de Sallertaine avaient participé à cette bataille. Après avoir scrupuleusement « épluché » les registres de décès dans les années qui ont suivi la déroute de l’armée française, nous n’avons trouvé aucun  nom de disparus lié à cet événement.

En revanche, il est bien fait mention d’un soldat de la Grande Armée mort à SAINT SEBASTIEN en 1809 et dont la transcription a été faite le 19 septembre 1815 à la mairie de Sallertaine.

Il s’agit de Pierre BLANCONNIER, né à Sallertaine le 6 décembre 1779 à la Frandière.  Fils de Pierre BLANCONNIER, farinier aux Quatre Moulins. Fusilier au 118 ème régiment d’infanterie de ligne de l’armée d’Espagne, il est décédé à l’hôpital Saint Elme de St Sébastien.

En cette année du bicentenaire de la chute de l’Empereur Napoléon, c’est le seul « grognard » dont nous avons pu retrouver la trace.(1)

(1) Remerciements à Camille VRIGNAUD pour les recherches qu’il a menées en fin limier dans le dédale des registres !

SALLERTAINE de 1945 à 1970 : les chemins du progrès

De l’après-guerre au début des années 70, l’évolution de la commune de Sallertaine est marquée par la rupture lente mais inexorable du modèle rural et agricole dépeint par le politologue André SIEGFRIED dans son célèbre « Tableau politique de la France de l’Ouest » (1).

Certes, au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, les conditions de vie des maraîchins n’ont guère changé, en particulier en matière de transport. Les communications dans le marais restent difficiles et les inondations encore fréquentes (années 1937 et 1940). La yole demeure encore pour de nombreuses familles du marais le seul moyen de transport.

Il est vrai qu’à y regarder de près, la seule artère digne de ce nom est la route départementale N° 5 qui scinde en deux la commune. Mais cette route stratégique fut initiée par l’Empereur Napoléon Ier pour des raisons autres que commerciales !

Les descriptions apportées par Claude Masse, ingénieur du Roi, dans ses « cartes des costes du Bas-Poitou »(2) en 1704 demeurent toujours d’actualité à la veille des années 1950. Les « Charrauds Basses » ne sont pas que d’apparences. Elles sont une vérité…

La tâche des élus sera donc d’engager de conséquents travaux de terrassement. Quand d’autres secteurs de la Vendée s’ouvrent à l’industrialisation, la préoccupation majeure des élus de Sallertaine est d’entamer des travaux de voirie qui puissent soulager le quotidien de ses habitants. Corollaire d’un niveau de vie plus confortable, l’arrivée de l’électricité constitue une véritable révolution. Les dernières habitations ont vu la fée électricité arriver seulement vers 1957-1958.

Pendant ces trois décennies, Pierre BARRETEAU occupa sans discontinuer la fonction de maire. Il lui appartient d’avoir accompagné ses administrés dans les bouleversements apportés par les « trente glorieuses » : une mutation sociale et économique sans précédent.

(1) André SIEGFRIED, tableau politique de la France de l’Ouest sous la troisième République, Paris, 1913.
(2) Claude MASSE, Carte des côtes du Bas-Poitou, Paris, 1703-1704

Le Clergé

Comme dans toutes les communes, les fêtes religieuses scandent le rythme de vie des maraîchins de l’après-guerre : processions, fêtes-Dieu, missions, pèlerinages….autant d’occasions de manifester sa foi dans la ferveur de la piété populaire.

Ainsi, la réfection du calvaire de la Croix Verte draine tout un quartier qui pose fièrement devant l’objectif. On aime poser pour la postérité lors de ces rassemblements festifs qui expriment la foi de tout un peuple épris de religiosité. Les héritiers des « moutons noirs » de Charrette n’ont pas oublié le sacrifice de leurs aînés de 1793. L’Eglise entretient d’ailleurs cette ferveur sur tous les terrains possibles : politiques, mais surtout scolaire. L’école est un véritable enjeu, ici comme dans tout le département.

Evènement majeur de cette période, la visite, le 7 février 1952, de Monseigneur CATTEAU arrivé à Sallertaine en « gondole du marais ». Embarquée au pont de la Garde, la procession parcours le Grand Etier jusqu’ aux Bouillères. Et c’est à un authentique gars du marais, Maximin RABALLAND de la Charbonnerie, qu’échoit l’honneur de conduire la yole épiscopale. L’événement est resté longtemps dans les mémoires…C’est également à l’occasion de cette visite – le 25ème anniversaire du patronage- qu’un blason fut dessiné avec, comme devise « NON MURIAR »(« NE MEURS PAS »), rappelant, comme un écho, le titre du célèbre roman de René Bazin. Les différents éléments qui le composent évoquent les champs et les moissons, le ciel, l’eau et les canards, ainsi que le marais et la crosse d’argent de Saint Martin, patron de la paroisse.

Liste des prêtres et vicaires de Sallertaine  de 1940 à 1970

Arsène HILLERITEAU 1928-1952

André EPAUD 1952-1967

Roger OUVRARD 1967-1984

Sallertaine et ses deux écoles

La question scolaire, à Sallertaine comme dans une très large part de la Vendée, la question scolaire fut au centre de luttes entre partisans de l’école républicaine « l’école neutre » comme la qualifiait le clergé et les tenants des écoles catholiques « l’école libre ».

Faut-il le rappeler, ce sont les soubresauts de la politique nationale qui ont été source de conflits. Avec les différentes lois (loi Ferry-Goblet de 1882-1886 ; loi Combes de juillet 1904) très offensives contre les écoles congréganistes, le climat du début XXème siècle était on ne peut plus tendu. A deux reprises, en août 1914, puis en septembre 1940, la législation s’infléchit, guerre oblige !

Il faudra néanmoins attendre la loi Debré, en décembre 1959, pour que prenne fin la « guerre scolaire ».

1°) l’école du Mollin

C’est précisément au moment des lois Ferry que naît l’école du Mollin, entre 1882 et 1886. Cette petite école de campagne se maintiendra jusqu’en 1982,date à laquelle le conseil municipal décide de transférer l’unique classe dans le bourg à l’emplacement de l’ancienne école publique des filles( située rue de Verdun, face au calvaire), ouverte dans les années 1880 et fermée en 1965.

Des préfabriqués furent construits pour abriter des classes jusqu’en 1992 Une autre école, dite « école des garçons » fut édifiée fin XIX ème siècle derrière la poste actuelle. Ce bâtiment était le logement à l’instituteur et servait également de bâtiment de service. La classe se situait en retrait où se trouve actuellement l’accès à l’école du marais.

Par un arrêté du 6 septembre 1958, le Ministre de l’Education Nationale autorisait la transformation des deux écoles spéciales de garçons et de filles en une école mixte à classe unique qui fonctionna jusqu’en 1965.

Ainsi, de 1965 à 1982, Sallertaine n’aura plus d’école publique dans le bourg.

Il fallut attendre 1992 pour avoir une école publique digne de ce nom. « L’école du marais » se situe derrière la mairie, à côté du terrain de sport.

2°) l’école privée « Sainte Marie »

C’est la plus ancienne école de Sallertaine. Ouverte le 1er octobre 1861 à l’initiative de l’Abbé Pierre Gouraud, l’école des filles fut prise en charge par la communauté des sœurs de Mormaison.

En 1913, les locaux devenant insuffisants, une nouvelle école est construite et ouvre ses portes en avril 1914.

En octobre 1961, on fête tout naturellement le centenaire de cette fondation.

Le Logis

Bien que fortement modifiée au début du XX ème siècle, cette belle demeure du XVIII ème conserve encore de très intéressants éléments architecturaux propres à l’habitat des « hobereaux » de campagne au siècle des Lumières. Ainsi, malgré d’irrémédiables mutilations, le « Logis de Beauvais » ( il tire son nom de la famille DUVAU DE BEAUVAIS qui le fit ériger sans doute) garde le souvenir, par ses éléments de confort et d’apparat, d’une ancienne maison noble. Au cœur même de Sallertaine, où l’habitat vernaculaire est profondément marqué par une typologie de longères basses couvertes de tuiles et aux murs blanchis à la chaux, le « logis » se distingue par plusieurs éléments : cour d’honneur, porche d’entrée, cheminées de tuffeau.

Mais si cette maison mérite une attention toute particulière, c’est aussi parce qu’elle fut le lieu de naissance de Marie-François CORMIER, ingénieur des Ponts et Chaussées qui dirigea, sur ordre de l’empereur NAPOLEON Ier, les travaux de réalisation de la ville nouvelle de la Roche-sur-Yon. (Marie-François CORMIER est né de l’union de Marie-François, son père et de Marguerite-Céleste DUVEAU, tous deux de la paroisse de Saint-Philbert de Bouaine)

Après la Révolution, les héritiers des CORMIER vendent le « logis » à André Denis ANDRE qui exerce la fonction d’instituteur. De son mariage avec Véronique GUILLARD, naîtront deux filles, Catherine et Céleste. Sans descendance, l’aînée lègue le « Logis » à sa nièce, Céleste TRICHEREAU, épouse de Louis-Delphin FRADIN, ancien maire de Sallertaine.

La demeure revient ensuite à Clémence TRICHEREAU, qui épouse Jean François Marie MENUET. C’est à leur fils Jean qu’échoit le Logis. Avec Angèle SORIN, ils auront cinq filles, dont AMELINA, qui épousera Pierre BARRETEAU, le meunier de Rairé. C’est ainsi que leur fils Pierre, maire de son village pendant plus de trente ans, habitera les lieux quasiment jusqu’à sa mort.

Les pierres levées de Rairé

L’alignement courbe des « menhirs » de Rairé a été authentifié à la fin des années 1950. Deux des quatre pierres étaient encore debout. Lors des fouilles et de leur restauration en 2010, une seule pierre était encore dressée. Aucun objet n’a été récolté lors de ces travaux, même si les fosses d’implantations ont bien été retrouvées à la base des pierres. En se basant sur les nombreuses céramiques découvertes sur des sites très proches, on estime que cette architecture pourrait avoir été construite à la fin de l’Age du Bronze, soit vers 1000 à 700 ans avant notre ère.

Ces pierres dressées font partie d’un ensemble plus vaste, implanté tout autour de la péninsule de Rairé qui surplombe le marais. A ce jour, plus d’une vingtaine de ces pierres dressées sont connues dans l’environnement proche. Elles peuvent être aperçues dans les prés et les buissons du paysage de Rairé. Dans l’état actuel des connaissances, un tel dispositif mégalithique reste délicat à interpréter, mais la délimitation spécifique d’un territoire déterminé, défini par un groupe humain, reste la seule hypothèse envisageable.

11 juin 1940 : la mort d’un soldat d’exception, le capitaine René de Vandière

Parce qu’elle fut politique et militaire, la défaite humiliante de juin 1940 fut longtemps occultée dans la mémoire collective ; le récit national préférant magnifier la Résistance et ses héros de l’armée des ombres. Pourtant, ils furent nombreux ceux qui, refusant la résignation, combattirent avec acharnement, sans jamais renoncer. Parmi eux, un sallertainois, René de Vandière de Vitrac.

Bien que né en Provence à Tarascon, le 6 septembre 1900, René de Vandière est un sallertainois de cœur puisque sa famille possède le logis des Bouchauds. Passionné de poésie, il pratique très tôt l’écriture de poèmes qu’il dédit notamment à sa mère et aux siens. Après l’obtention de son baccalauréat (ils ne sont alors que 10 000 en France à passer cette épreuve !), René de Vandière s’engage dans l’armée et est admis à SAUMUR, dans la cavalerie. Muté au MAROC, il participe aux opérations du Grand Atlas qui lui vaudront la croix de guerre TOE (« Théâtres d’Opérations Extérieurs »).

De retour à Paris, il rencontrera celle qui deviendra sa future épouse, Anne Espivent de la Villeboisnet.

En 1938, il est nommé capitaine et affecté au 4ème régiment de Dragons basé à Verdun. L’ombre de la guerre plane alors sur l’Europe mais le tempérament optimiste et la Foi très profonde de René de Vandière le pousseront toujours à analyser les événements avec une grande force de volonté.

Le 2 septembre 1939, la guerre est déclarée. La mobilisation générale amène les dragons du Capitaine à combattre en Belgique, près de la frontière hollandaise. Mais la supériorité de l’Armée allemande oblige les troupes françaises à se replier. Après la « drôle de guerre », la campagne de France signe le retrait dans le nord de la France. Les forces françaises et le corps expéditionnaire britannique ayant été enfermés, dès le 28 mai 1940, dans une vaste poche autour de Dunkerque, le rembarquement est rendu possible par le sacrifice de la 225e demi-brigade d’infanterie française qui se fait littéralement tuer sur place, luttant à un contre quatre durant plusieurs jours jusqu’à épuisement des munitions. Appuyés par l’infanterie britannique et la Royal Air Force qui a autant souffert que l’armée de l’air française dans cette bataille, ils permettent l’évacuation de 338 000 hommes, en majorité britanniques, mais aussi 125 000 Français, et, parmi eux, René De Vandière qui embarque le 1er juin.

Mais sa volonté de combattre est restée intacte.

Et le 9 juin, le voilà de retour en France où il débarque à Cherbourg ; les allemands ayant atteint la Seine ce même jour. Au regard des moyens dont il dispose, Le Général WEYGAND commandant en chef, opte pour la tactique dite « du hérisson » consistant à créer des nœuds de résistance afin de briser l’avancée ennemie.

Dès le 10 juin, le capitaine de Vandière retourne sur la ligne de front.

En ce bel été 1940, la Normandie étouffe de chaleur et les soldats sont épuisés…

C’est à PACY-SUR-EURE que les dragons du capitaine sont positionnés pour empêcher les allemands de franchir le fleuve.

La HEUNIERE, 11 juin 1940

Une contre-offensive française est donc déclenchée pour tenter de repousser les allemands et rétablir le « front de Seine ».

Voici le récit de cette attaque :

«  le 4e RDP (Régiment de Dragons Portés) progresse vers 17h. Le capitaine René de Vandière relance l’attaque vers la Heunière, se dresse, la canne dans une main et le revolver dans l’autre, les bras levés, en s’écriant :  » En avant mes braves, en avant l’escadron des cracks  ». Celui-ci reprend le village de la Heunière (1) et détruit le clocher où était installée une mitrailleuse allemande. Devant l’assaut des dragons, les Allemands décrochent sauf à l’auberge de Brécourt où la résistance s’intensifie. Les allemands sont réfugiés dans la cour et en y entrant à la tête de ses hommes, le capitaine de Vandière est tué à bout portant par un tir de mitraillette. Les dragons, furieux d’avoir perdu leur chef, emportent la position et font 13 prisonniers.

Le nom du capitaine de Vandière restera gravé dans les mémoires. Le Général WEYGAND écrira à propos du capitaine René de Vandière que c’était « un vaillant entre les vaillants cavaliers de cette guerre ». Il sera fait chevalier de la légion d’honneur.

Quatre ans plus tard, en août 1944, le village sera de nouveau le théâtre de violents combats.
Remerciements à Madame Renée-Ariane de Vandière

Source : revue « Traditions et souvenirs militaires », bulletin n°2, janvier 1944, pp.104-115 imprimerie Charles Lavauzelle, Limoges.